L’histoire du vitrail Enregistrer au format PDF

Jeudi 10 janvier 2019

Le vitrail est une technique qui se perpétue depuis le Moyen Age, époque où les vitraux étaient considérés comme des supports imagés pour l’instruction religieuse.

Michelle Menguy

Le vitrail est une technique qui se perpétue depuis le Moyen Age, époque où les vitraux étaient considérés comme des supports imagés pour l’instruction religieuse.

Vitrail basilique St Denis

La fabrication du verre coloré remonte à la plus haute antiquité et était pratiquée avec brio à Byzance, Rome ou bien encore en Gaule. De l’époque romaine, on retrouve des mosaïques de verre coloré ornant les murs et les sols des thermes, permettant ainsi de tamiser la lumière.

Au 1er siècle avant J-C., l’apparition du verre soufflé démocratise l’usage d’objets en verre. Les premières vitres en verre peint coloré apparaissent sur les fenêtres des villas des riches Romains, comme en témoignent des fragments retrouvés à Pompéi. Dans les premières églises chrétiennes des IVe et Ve siècles, on observe de nombreuses ouvertures occultées par des motifs en très fines feuilles d’albâtre serties dans des cadres en bois donnant un effet de vitrail primitif.

A partir du VIe siècle, époque médiévale, l’Italie, influencée par Rome, se dote de vitraux enchâssés dans des cadres en bois, quelquefois dans des châssis de métal ou sertis dans du plâtre ou du stuc. Les églises européennes d’Occident adoptent massivement cette nouvelle mode au VIIe siècle.

A partir du Xe siècle, en Occident, cette technique va progressivement être remplacée par le vitrail au plomb, plus souple et plus malléable, et résistant mieux à l’humidité. Ces vitraux n’utilisent alors comme couleurs que le gris, le brun et le noir, aussi restent-ils sombres et ne sont employés que pour souligner les ombres ou dessiner les draperies de personnages. La plupart n’ont pas résisté aux dégradations du temps, et il n’en subsiste que des fragments dans la cathédrale Saint-Bénigne de Dijon, la cathédrale de Beauvais, sur la châsse de Séry-Lès-Mézières dans le département de l’Aisne ou dans l’église carolingienne de Lorch en Allemagne.

Du XIe au XIIe siècle, le foyer du vitrail médiéval au plomb se trouve en France, notamment à la basilique Saint-Denis, à Auxerre ou à Reims. La France connaît une production de vitraux particulièrement fertile. Parmi les plus anciens, se trouve la Crucifixion de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers. Le style roman se caractérise par des ouvertures limitées et des petits vitraux en assemblage de médaillons carrés ou circulaires, bordés de riches motifs végétaux.

Vitrail cathédrale St Julien Le Mans

Le XIIIe siècle marque le début de la réalisation de vitraux gothiques. Le vitrail s’allie alors à l’architecture et à la peinture afin d’atteindre une qualité inégalée. Le temps des cathédrales voit l’explosion de cet art en France : en sont témoins Notre-Dame de Paris, Bourges, Amiens, Reims, Rouen, ou le Mans. Les contrées germaniques, Strasbourg, Augsbourg, Cologne…, connaissent ce même engouement. La palette du peintre-verrier, constituée essentiellement de bleu et de rouge, s’enrichit du vert émeraude, du rouge carmin et du rouge vermillon, du mauve, puis au XIVe siècle, du jaune d’argent qui permet de rehausser les couleurs et de teinter les vitraux.

La Renaissance marque également un tournant dans l’histoire du vitrail, grâce à l’apparition et au développement de nombreux procédés techniques, notamment la gravure du verre, la coupe au diamant et l’introduction de l’émail, couche brillante de couleur. Vers 1530, le vitrail connaît une période difficile, principalement en raison de problèmes économiques et des guerres de religion. Ce déclin se poursuivra aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Au XIXe siècle, à la signature du Concordat en 1801, lorsque les églises sont rendues au culte, on mesure l’ampleur des dégâts. La profession de maître-verrier a disparu du pays. Seules trois couleurs sont alors disponibles en France : le bleu, le jaune et le blanc, les autres sont prélevées sur des vitraux anciens. Il faudra attendre les années 1830 pour voir se mettre en place une véritable industrie du vitrail pour assurer les énormes besoins de restauration et de création. Des maîtres-verriers anglais et hollandais vont fournir leurs secrets et de nouvelles techniques de peinture sur verre apparaissent. C’est également l’époque où le vitrail apparaît dans les édifices publics tels les restaurants, les brasseries…

Au XXe siècle, la guerre 1914-1918 conduit à de nouvelles destructions et entre les deux guerres apparaît la dalle de verre. Après la Seconde Guerre mondiale souffle un grand renouveau dans l’art sacré et surgissent de nombreuses œuvres réalisées par des artistes comme Henri Matisse, Georges Rouault, Georges Braque, Marc Chagall….

Michelle Menguy
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