Kelou mat n°8 août 2018 Enregistrer au format PDF

Et demain ???
Lundi 17 septembre 2018

Changer de curé, c’est toujours une aventure autant pour les paroissiens, que pour le prêtre qui part et celui qui arrive. « Qui est-ce qui vous remplace ? Est-ce que vous le connaissez ? Est-ce qu’il est gentil ? Ouvert ? Est-ce qu’il continuera à faire comme vous ? »

Vous êtes nombreux à vous interroger. Prenons un peu de recul, de hauteur pour comprendre que ces questions sont peut-être mal posées.

Abbé Eric Le Forestier

Changer de curé, c’est toujours une aventure autant pour les paroissiens, que pour le prêtre qui part et celui qui arrive. « Qui est-ce qui vous remplace ? Est-ce que vous le connaissez ? Est-ce qu’il est gentil ? Ouvert ? Est-ce qu’il continuera à faire comme vous ? »

Vous êtes nombreux à vous interroger. Prenons un peu de recul, de hauteur pour comprendre que ces questions sont peut-être mal posées.

D’abord, la première question n’est pas juste : un prêtre ne peut pas être « remplacé » par un autre comme on remplacerait une ampoule grillée par une autre neuve. Chaque prêtre, comme chaque personne humaine, est unique avec son histoire, ses sensibilités, ses passions, ses limites aussi. Aucun prêtre n’est universel, aucun prêtre ne pourra répondre à toutes les attentes de ses paroissiens et c’est une bonne chose. En prendre conscience c’est renvoyer les chrétiens à leur propre participation au service de leur communauté pour qu’elle soit vivante.

Notre société ne nous donne malheureusement pas le bon exemple : nous sommes habitués à trouver à tous les niveaux de notre vie sociale un interlocuteur payé pour répondre à nos besoins. L’Office du Tourisme doit pouvoir me renseigner sur les activités culturelles de ma région ; la CAF ou la Sécurité Sociale doit me donner en heure et en temps mes allocations ou mes remboursements, les enseignants doivent faire réussir les élèves, les services de la Mairie doivent répondre à toutes mes demandes…. vous pouvez vous-mêmes rallonger la liste et l’illustrer ! Et s’il y a une défaillance dans ces fonctionnements, nous crions au scandale et pensons peut-être « tous des incapables ! ». Nous sommes souvent des consommateurs égoïstes, exigeants et capricieux quand nous n’avons pas les réponses attendues.

Le prêtre n’est pas un « fonctionnaire du culte » ni un « prestataire de services religieux » qui attendrait la clientèle derrière un comptoir. Le prêtre est un chrétien qui a choisi de consacrer sa vie au service de Dieu et de son Eglise. L’évêque lui confie une mission de pasteur. Il a charge d’animer, c’est-à-dire de donner une âme à la communauté chrétienne du secteur où il est nommé. Sa mission, il ne peut la mener à bien sans ses paroissiens. Rappelons-nous l’image du corps dans la première lettre de Paul aux chrétiens de Corinthe au chapitre 12 : le corps est composé d’une multitude de membres qui ont tous besoin les uns des autres. Le prêtre à lui seul n’est pas le corps ; le prêtre avec l’EAP ne sont pas le corps ; le prêtre, l’EAP et les équipes liturgiques ne sont toujours pas le corps… et l’on pourrait continuer à faire la liste de ceux qui forment le Corps du Christ sans la limiter aux mouvements et services paroissiaux « Chacun reçoit la grâce de l’Esprit pour le bien du corps entier » dit l’un de nos cantiques illustrant 1 Cor 12.

Alors demain ? « Moi j’ai planté », dit Paul, « Apollos a arrosé, mais c’est Dieu qui fait croitre » (1 Cor 3, 6) Demain le Père Chilair Boncœur fera peut-être différemment avec vous, tout ce que nous avons fait ensemble comme nous le pensions, il plantera surement de nouvelles espèces. Il y a 10 ans, j’ai arrosé avec vous ce que l’abbé Eouzan et l’abbé Lopez avaient planté avec vous… et j’ai, à mon tour planté des espèces dont je savais m’occuper, et Homanès aussi a planté…. et à son tour l’abbé Chilair Boncœur et l’abbé Perrot arroseront avec vous ce que nous avons planté et planteront avec vous de nouvelles espèces dont vous saurez prendre soin.

Demain, Homanès et moi allons planter ailleurs, en prenant soin de ce qui a été semé avant nous dans nos futures paroisses, en apportant nos espèces préférées… Ayons ensemble assez d’humilité pour accueillir encore le verset 7 de 1 Cor 12 : « Celui qui plante n’est rien, celui qui arrose n’est rien, Dieu seul compte, lui qui fait croitre ».

Abbé Eric Le Forestier

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