Kelou mat n°9 octobre 2020 Enregistrer au format PDF

« Me voici : envoie-moi ! »
Mardi 3 novembre 2020

Un enfant à qui son père confie le soin de chercher le pain à la boulangerie du quartier pourrait donner cette réponse. Elle pourrait être aussi celle d’un salarié à qui son patron demande d’effectuer une opération de la première importance pour la conduite de l’entreprise. Ce fut la réponse du prophète Isaïe à son Seigneur qui s’interrogeait : « Qui enverrai-je et qui sera mon messager pour parler au peuple ? ». « Me voici, envoie-moi. », répondit Isaïe. Et pourtant le prophète avait invoqué toutes sortes d’excuses pour dire à Dieu qu’il n’était pas qualifié pour faire le travail.

Cette réponse d’Isaïe est proposée à notre réflexion pour la semaine missionnaire mondiale du 11 au 18 octobre, un temps permettant à chaque chrétien de renouveler son engagement de baptisé. Marqués de l’huile sainte à notre baptême - « Tu es marqué de cette huile pour que tu demeures éternellement membre de Jésus-Christ, prêtre, prophète et roi. » - nous recevons l’invitation à aller vers nos frères pour leur apporter la Bonne nouvelle, répondant ainsi à l’appel du Christ : « Allez de toutes les nations faites des disciples ». Voilà un enjeu de taille : comment assumer cette mission au cœur de notre quotidien ?

La première clé de la réussite de notre mission est justement dans ce quotidien : il ne s’agit pas de rêver d’un envoi à l’autre bout de la planète ! (même si cela est l’engagement de certains). Nous sommes avant tout appelés à aller à la rencontre de notre prochain, celui qui est proche, celui qui se trouve là où nous vivons, là où nous travaillons. Etre missionnaire, c’est d’abord aimer les personnes mais aussi les lieux que nous fréquentons au quotidien, prenant ainsi modèle sur le Christ qui, sur les chemins de Palestine, va au contact de ses frères, des malades, des laissés pour compte.

Comme lui, tout baptisé se doit d’être un itinérant, non pas dans la quantité des kilomètres parcourus (!), mais dans sa capacité à sortir de ses habitudes, des idées figées, de tous ces préjugés qui ne nous permettent pas de voir la richesse de l’autre. Comme nous le répète le pape François, il nous faut aller vers les périphéries.

Notre mission de baptisé exige de nous d’être des hommes et des femmes libres, capables de sortir de nos esclavages, de tout ce qui nous entrave et nous empêche de voir l’autre. La parole de Dieu est là qui nous offre cette liberté ; elle sera notre guide pour entrer dans un véritable dialogue avec l’autre, avec tout autre. Etre homme, c’est en effet dialoguer pour devenir soimême à travers la rencontre de l’autre. C’est se risquer à sa parole. Notre foi de missionnaire c’est « croire en un Dieu qui s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » (M. Kubler).

Nous ne pouvons être missionnaires tout seul. Il nous faut pratiquer sans cesse un Evangile de l’ouverture et de la rencontre. Alors, oui,

« Seigneur, me voici : envoie-moi »

Yvon Garel
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