Le Bestiaire (2) Enregistrer au format PDF

Mercredi 2 mai 2018

Nous poursuivons notre étude sur le bestiaire dans l’église : l’âne, la colombe, le serpent, le lion, l’aigle, le pélican, le cerf.

Michelle Menguy
(Kelou mat avril 2018)
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L’âne

Si le cheval reste dans l’imaginaire commun la monture noble des rois, c’est pourtant à dos d’ânon que Jésus entre dans Jérusalem. Symbole d’humilité et de soutien, les ânes sont mentionnés à de nombreuses reprises dans la Bible. Monture des prophètes, l’âne sert au transport et au voyage sur des sentiers parfois escarpés, et figure ainsi le cheminement intérieur, parfois difficile. Ainsi, l’ânesse de Balaam lui ouvre les yeux lorsque Dieu s’exprime à travers elle.

Au Moyen Âge, dans plusieurs régions du sud de l’Allemagne et de l’Est de la France, un âne en bois surmonté d’une figure de Jésus défilait lors de la procession des Rameaux pour rappeler l’épisode de l’entrée dans Jérusalem. Cette tradition du « Palmesel » (âne des rameaux) a par la suite été interdite par l’Église catholique, qui y voyait un défilé de carnaval malvenu lors des célébrations des Rameaux.

L’âne et le bœuf de la crèche de la Nativité sont eux aussi des éléments de croyances populaires ajoutés à l’étable au début du Moyen Âge. Bien que leur présence ne soit pas mentionnée dans la Bible, les deux animaux conservent dans cette représentation la même symbolique.

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La colombe

Tout le monde connaît l’histoire de la colombe apportant un rameau d’olivier à Noé et prouvant ainsi le retour de la terre et la fin du Déluge. La blancheur et la légèreté de l’oiseau évoquent ainsi le retour à la paix.

Symbole de renouveau et d’espoir, la colombe représente également l’Esprit Saint. Ainsi, les évangélistes décrivent l’esprit de Dieu descendu « comme une colombe » lors du baptême du Christ dans les eaux du Jourdain. Tout comme le renouveau à la fin du Déluge, le baptême de Jésus marque le début d’une ère nouvelle.

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Le serpent

Depuis Adam et Ève chassés du jardin pour avoir succombé à la tentation, l’animal représente le mal qui menace l’homme. Tu seras maudit parmi tous les animaux et toutes les bêtes des champs. Tu ramperas sur le ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie, annonce ainsi le Seigneur au serpent dans la Genèse. Le serpent est aussi présent dans d’autres épisodes de la Bible, comme celui du bâton de Moïse dans l’Exode, ou encore le serpent d’airain érigé par Moïse dans Le Livre des Nombres. Le peuple d’Israël mordu par des serpents mortels, pouvait rester en vie en regardant ce serpent de bronze, dressé au sommet d’un mât selon la volonté du Seigneur.

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Le lion

Le lion est sans doute l’animal que l’on retrouve le plus souvent sculpté, peint, tissé, brodé… Dans la Bible, l’image de cet animal varie : il représente la puissance et la force, qui peuvent être tour à tour un obstacle ou un danger ennemi. Les rois ou les héros remarquablement forts lui sont comparés. Emblème de la tribu de Juda, il est associé au Christ et son rugissement, à la parole divine. Mais il incarne aussi le mal par sa cruauté et l’affrontement victorieux d’un lion consacre un héros, Samson, habité par la force de Dieu, le combat avec succès, symbole de la victoire du bien sur le mal ou un saint tels Daniel ou Blandine. Si Dieu s’oppose aux lions dans de nombreux passages de la Bible, il peut aussi y être comparé. Ainsi le livre d’Amos, qui prophétise la chute d’Israël, explique :

Quand le lion a rugi, qui peut échapper à la peur ? Quand le Seigneur Dieu a parlé, qui refuserait d’être prophète ?

Le lion est également le symbole de l’évangéliste Marc. En effet, chacun des quatre évangélistes est associé à un symbole des quatre Vivants, décrit dans la vision d’Ezéchiel. Saint Marc a hérité du lion car son évangile commence par l’évocation du cri de Jean Baptiste dans le désert .

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L’aigle

L’aigle est un animal dont la signification varie. Considéré comme impur et donc impropre à la consommation car il se nourrit de charogne, l’aigle n’en reste pas moins un symbole de majesté et de liberté dans la Bible.

Ainsi dans le Livre d’Isaïe,

ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles ; ils déploient comme des ailes d’aigles

. De même, le Deutéronome compare Dieu avec un aigle qui éveille sa nichée et plane au-dessus de ses petits. L’aigle est aussi le symbole de l’évangéliste Jean, selon le lien entre la vision des Quatre Vivants par Ezéchiel et les quatre évangélistes. L’aigle est associé à Saint Jean car son évangile commence par l’évocation de la Lumière.

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Le pélican

On trouve en abondance, dans les églises et les cathédrales, la thématique du pélican qui se sacrifie à la manière de Jésus-Christ. Dans l’iconographie et la symbolique chrétienne occidentale, le pélican symbolise en effet le sacrifice du Christ, qui versa son sang pour nourrir les hommes, symbole contenu dans le sacrement de l’Eucharistie où Dieu se donne en nourriture.

Il n’est pas rare, aujourd’hui encore, de découvrir un pélican sur un tabernacle. La légende présente le Pélican nourrissant ses petits en prélevant la nourriture de sa propre chair. Il apparaît alors comme le modèle de l’amour parental.

En hébreu, « pélican » viendrait d’Abraham, AB = Père et Rarham= pélican donnant ainsi tout son sens à la symbolique hébraïque dont Abraham est le « Père Pélican » ou « Père miséricordieux ». Mais le pélican suggère également l’image du Christ donnant son corps en nourriture.

Pélican plein de bonté, ô Seigneur Jésus, Lavez dans votre sang nos souillures.

(Saint Thomas d’Aquin)

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Le cerf

L’image du cerf est récupérée par le christianisme, qui interprète la repousse annuelle de ses bois comme un symbole de fécondité et de résurrection. Pour les Pères de l’Église, c’est une bête pure et vertueuse, un exemple pour le chrétien. On le montre fréquemment comme il est apparu à saint Eustache et saint Hubert, portant un crucifix entre ses bois, dont les dix andouillers représentent les dix commandements.

Michelle Menguy
(Kelou mat avril 2018)

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