Secours catholique : Etat de la pauvreté en France en 2025
Le Secours Catholique a publié ce jeudi 20 novembre son rapport statistique annuel État de la pauvreté en France « 30 ans de regard sur les pauvretés ». À cette occasion, le Secours Catholique revient sur 30 ans d’observation de situations de pauvretés en France. Parmi ces évolutions l’association alerte notamment sur un accroissement de la part des femmes et des familles ainsi que des personnes en situation de longue maladie ou de handicap parmi les personnes accueillies par l’association. Cette édition 2025 ouvre ses colonnes à l’historienne Axelle Brodiez-Dolino qui revient sur l’évolution de la perception de la pauvreté et des pauvres dans la société.
Pour découvrir cette publication du Secours Catholique sur l’état de la pauvreté en France 2025 : Etat de la pauvreté en France 2025
« Cette édition 2025 possède une portée particulière car elle marque les trente ans de ce rapport, publié pour la première fois en 1995 afin de rendre visibles les réalités de la pauvreté et d’interpeller les pouvoirs publics sur leurs causes profondes.
En l’espace de trois décennies, le basculement d’un État reconnaissant sa dette sociale envers les plus vulnérables à un paradigme les tenant pour responsables de leur sort n’est pas sans conséquences. La pauvreté s’est intensifiée et ses visages se sont diversifiés. Selon l’Insee, le taux de pauvreté s’établit à 15,4 % en 2023, touchant 9,8 millions de personnes, un niveau jamais atteint depuis trente ans. En 2024, parmi les ménages rencontrés par le Secours Catholique, près de 95 % vivent sous le seuil de pauvreté avec un niveau de vie médian de 565 euros par mois. 74 % vivent même sous le seuil d’extrême pauvreté et plus d’un quart ne disposent d’aucune ressource.
Ces chiffres traduisent une réalité humaine douloureuse, touchant à la fois des enfants, des familles, principalement monoparentales, des personnes seules, des jeunes, des retraités modestes et des travailleurs fragilisés par la précarisation de l’emploi (temps partiel subi, intérim, multiplication de contrats courts, CDI qui ne paie pas). Ils traduisent également des vies cabossées, des parcours marqués par la maladie, la séparation, la perte d’emploi, la difficulté d’accès aux droits, la solitude et la peur du lendemain.
L’analyse de ces trente années montre aussi que la pauvreté n’est pas une fatalité. Lorsque la lutte contre l’exclusion a été érigée en grande cause nationale en 1994, et traduite par des politiques publiques ambitieuses en matière de protection sociale, d’emploi, de logement, les résultats ont été tangibles : la pauvreté a reculé, la cohésion sociale s’est renforcée. À l’inverse, depuis les années 2010, les politiques d’activation, la stigmatisation des plus pauvres, la dégradation des conditions d’accès aux droits et le durcissement de certaines politiques sociales ont contribué à augmenter la pauvreté.
Le Secours Catholique en appelle à un sursaut collectif afin de redonner une place digne à chaque membre de la société et de renouer avec la promesse de fraternité qui fonde notre pacte républicain. »
Extrait de la lettre de Didier Duriez, président national du Secours Catholique
