Un peu de vocabulaire.

Le remplage est l’ouverture d’une baie dans un mur, cette ouverture ne doit pas nuire à la solidité de l’architecture tout en étant munie d’une isolation. Cet espace est clôturé en étant vitré sur toute sa surface et permet des ouvertures de plus grandes tailles. On distingue généralement la partie haute du remplage : le réseau et la partie basse où sont alignés les meneaux et les lancettes. Les divisions obtenues par le remplage sont appelées « jours » ou « ajours ».

Le vitrail consacré à St Maudez

Les érudits du début du 20^e siècle nous relatent la présence de fragments de vitraux anciens, dont des armoiries des seigneurs locaux visibles dans la fenêtre de la chapelle sud, encore appelée chapelle seigneuriale. Aujourd’hui, il ne reste plus de trace de ces verres peints. Le seul vitrail figuratif de la chapelle est visible dans le bas-côté nord, près du chœur, il orne une des rares fenêtres à avoir un réseau de pierre. Sa réalisation remonte à la fin du 19^e ou au tout début du 20^e siècle, car il n’est pas daté.

Il représente Saint Maudez, prince Irlandais, en adoration devant une petite croix de pierre, le tout face à l’océan.

Maudez, irlandais d’origine, était le dernier des dix enfants d’un roi, il fut élevé par ses parents jusqu’à l’âge de sept ans. Il passa les dix années suivantes dans un monastère, puis il fut ordonné prêtre. De retour à la cour de son père et ne pouvant trouver la quiétude, il s’embarqua pour l’Armoricaine, et atteignit les rivages de Dol, rejoignant un temps le monastère de Saint Samson, avant de rendre visite à Saint Tugdual dans l’évêché de Tréguier. Il obtient le droit de s’établir dans un lieu solitaire, situé ente les estuaires du Jaudy et du Trieux, connu actuellement sous le nom de Lanmodez. Pour un silence total, il vint se retirer sur l’ile Maudez, qui fait partie de l’archipel de Bréhat. Là, en compagnie de Saint Budoc notamment, il édifia un oratoire. On raconte que l’ile était infestée de serpents, et que Maudez les chassa par ses prières incessantes. Saint Maudez est l’un des Saints les plus invoqués en Bretagne après Saint Yves, très présent dans le Trégor mais aussi dans le diocèse de Cornouaille.

Ce vitrail, aux couleurs très sobres à dominante verte, représente le saint agenouillé nus pieds, les mains tendues vers le ciel, son crâne est tonsuré et dominé par une auréole d’or, il porte une bure. Maudez est en adoration devant une petite croix qui domine le littoral. Au milieu de cette mer mouvante une barque navigue, symboliserait-elle la protection de Saint Maudez sur les marins ?

Plus loin de hautes falaises encadrent le décor. La partie supérieure du vitrail est décorée d’une harpe d’or, et au-dessus d’un écusson d’hermines, qui sont les armes de notre vieux duché de Bretagne. Le haut du remplage est orné d’un ange tenant un phylactère (banderole), sur lequel est inscrit en Breton « Saint Maudez Priez pour nous ». Une lecture attentive du vitrail laisse apparaitre en bas à droite une armoirie qui est le blason de la famille Coëtloquet, avec la devise « Franc et Loyal ». Famille qui fit don du vitrail à la chapelle, le berceau des Coëtloquet est en centre Finistère (Plounéour-Ménez). Cette famille acheta la propriété de Lysandré à Plouha en 1892.

En bas à gauche de cette verrière on distingue la signature du maître verrier J-Besnard, atelier basé à Chalon-sur-Saône.
Une inscription en caractères gothiques est également clairement visible à la base du vitrail et nous indique ceci :
Maudez Prince Irlandais aborde la Bretagne au VI^e siècle, se retira dans l’ile de Saint Maudez, il y fit plusieurs miracles.