La Bible comporte plus de 150 animaux différents, Ancien et Nouveau Testaments confondus. Entre symbolisme et traditions, les écrits mentionnent de nombreux animaux, à la fois présents dans la vie courante ou au contraire bien plus rares. Les animaux réels ou légendaires sont partout : sculptés dans la pierre des églises, tissés par les fils des tapisseries, décrits et peints dans les manuscrits ornés d’une faune qui déborde jusque dans les marges enluminées des livres de prière. Ces représentations rendent grâce à la puissance et à la gloire de Dieu. L’art est conçu comme un enseignement religieux, les animaux constituant des symboles à décrypter.
Dans les premiers siècles du christianisme, les Pères de l’Église ont associé chacun des quatre Evangélistes à un symbole des quatre Vivants, décrit dans la vision d’Ezéchiel. Ont été considérés comme leur attribut :
- le taureau pour Luc, symbole de la Passion, son texte débute par le sacrifice offert par le prêtre Zacharie au Temple ;
- le lion, symbole de la Résurrection, désigne Marc, qui commence son évangile par l’évocation du cri de Jean-Baptiste dans le désert ;
- l’aigle, symbole de l’Ascension, représente Jean, qui compare la Parole de Dieu à la « véritable lumière » qui a fait le monde et qu’il faut contempler ; l’aigle étant le seul animal à pouvoir regarder le soleil en face.
Quelques animaux symboliques
L’agneau
L’agneau est l’animal sacrificiel par excellence. Il symbolise l’innocence, la douceur, la pureté.
Les figures de l’agneau et du mouton sont très présentes dans la Bible. Dans la Genèse, alors qu’Abraham s’apprête à offrir en sacrifice son fils Isaac, Dieu envoie un bélier pour prendre la place de l’enfant. Dans l’Exode, Moïse explique au peuple que le sang d’un agneau doit être apposé sur les portes des maisons pour y empêcher la venue de l’ange exterminateur.
L’incarnation du Sauveur en agneau remonte aux débuts du christianisme. On en retrouve des figurations sur les murs des catacombes datant de la fin du IIe siècle. Dans les églises romanes, l’agneau prend le pas sur le poisson, secrètement utilisé par les premiers chrétiens.
Tout au long des Écritures, le peuple de Dieu est comparé à un troupeau égaré et dispersé en l’attente d’un berger. L’évangile de Matthieu explique que « voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. »
Le sacrifice d’un agneau pour apaiser la colère divine ou fêter le renouveau de la nature est sans doute l’un des rares rites antiques qui se soit perpétué jusqu’à aujourd’hui : il est présent dans la Pâque juive, comme dans les Pâques chrétiennes et le Ramadan musulman.
Le poisson
Le poisson est un symbole de la chrétienté depuis l’Antiquité. Dans la Genèse, les poissons sont créés lors du cinquième jour, en même temps que les oiseaux et avant le reste de la faune. Le poisson est un signe d’abondance et de vie. Ainsi, dans les Evangiles, Jésus parvient-il à rassasier la foule après avoir béni cinq pains et deux poissons. Le poisson a été dès l’origine un signe symbolique des chrétiens.
Au premier siècle de notre ère, persécutés par les autorités romaines les chrétiens utilisaient cet animal pour se reconnaître. A cette époque, le grec étant davantage parlé dans l’empire romain que le latin, ce fut le mot ICHTHYS (poisson) dont les cinq lettres correspondaient aux initiales de cinq noms donnés au Christ qui devinrent symboliques de la déclaration « Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur » I = Iessou = Jésus CH = Christos = Christ TH = Theou = Dieu Y = hYios = Fils S = Soter = Sauveur
Le bœuf
Animal tantôt de travail tantôt de sacrifice, le bœuf est, comme l’âne, très présent
dans la Bible.
Dans l’Exode, des dizaines de règles concernant le bœuf sont ainsi listées, exposant des cas de figure divers sur les punitions et les compensations pour les troupeaux de bovins. Symbole de richesse, le bœuf ou le veau servent aussi lors des sacrifices mentionnés à de nombreuses reprises, de Salomon à Ezékias. Mais la figure du veau est surtout connue pour l’image du Veau d’or.
Dans l’Exode, le peuple, lassé d’attendre Moïse parti à la rencontre de Dieu sur le mont Sinaï, demande à Aaron de façonner un nouveau dieu. L’or est fondu pour former un veau en or, que le peuple vénère. Ce symbole de l’idolâtrie est condamné : « Ton peuple s’est corrompu, lui que tu as fait monter du pays d’Égypte. Ils n’auront pas mis longtemps à s’écarter du chemin que je leur avais ordonné de suivre ! »