Origine du Chemin de Croix
Aux XIVe et XVe siècle, les Franciscains, prirent l’initiative d’inviter les fidèles qui venaient en pèlerinage à Jérusalem, à participer à la Passion de Jésus en allant du tribunal de Pilate au Calvaire. A partir du XVe siècle, pour ceux qui ne pouvaient se rendre à Jérusalem, ils firent des représentations des épisodes de la Passion du Christ afin que l’on puisse méditer les souffrances de Jésus. Les Franciscains diffusèrent cette dévotion, comme ils le firent pour la crèche de la nativité.
Mais c’est seulement sous le pape Clément XII en 1731, que la permission fut donnée de créer des Chemins de Croix dans des églises autres que celles des Franciscains. Saint Léonard de Port-Maurice en fut un ardent propagateur. Benoît XIV, en 1741, en limita l’extension à un seul Chemin de Croix par paroisse.
Pendant des siècles, Jésus fut représenté, sur la route du Calvaire portant sa croix tout entière sur l’épaule, aidé de Simon de Cyrène.
Au XXe siècle, s’est répandue l’idée que Jésus devait ne porter, comme tous les condamnés, que la partie transversale de la Croix destinée au crucifiement, le patibulum, attaché aux deux bras et portée sur les épaules, l’autre partie de la croix étant fichée en terre au lieu du supplice.
Si le nombre de stations a longtemps été variable, depuis le XVIIe siècle, il est fixé à 14. Dans le Chemin de Croix traditionnel, plusieurs stations ne correspondent pas à un épisode évangélique de la passion, les 3 chutes de Jésus, la rencontre avec sa mère et celle avec Véronique, mais qui viennent de traditions.
Ire station - Jésus est condamné à être crucifié
IIe station - Jésus est chargé de sa Croix
IIIe station - Jésus tombe pour la première fois sous le poids de la Croix
IVe station - Jésus rencontre sa très Sainte Mère
Ve station - Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa Croix
VIe station -Sainte Véronique essuie le visage de Jésus
VIIe station - Jésus tombe pour la deuxième fois
VIIIe station – Jésus rencontre les femmes de Jérusalem qui pleurent
IXe station - Jésus tombe pour la troisième fois
Xe station - Jésus est dépouillé de ses vêtements et abreuvé de fiel
XIe station - Jésus est cloué sur la Croix
XIIe station - Jésus meurt sur la Croix
XIIIe station - Jésus est détaché de la Croix et son corps est remis à sa mère
XIVe station - Jésus est mis au tombeau
En 1958, à l’occasion du centenaire des apparitions de la Vierge Marie à Lourdes, un Chemin de Croix fut construit et une quinzième station ajoutée : "Avec Marie, dans l’espérance de la résurrection". Cette initiative s’est propagée : ainsi le Chemin de Croix moderne de la cathédrale d’Evry ou celui de l’église de Caggiano, (commune italienne de la province de Salerne), possèdent quinze stations.
Le Chemin de Croix des jardins de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, à Montréal, comporte lui aussi une quinzième station dite de la Résurrection.
Sens du Chemin de Croix
Le Chemin de Croix apparaît comme un pèlerinage « en esprit », c’est pourquoi il touche celui qui l’entreprend sous trois aspects, tant physiques que spirituels : la marche, la méditation et l’intercession.
La marche
Pour entrer dans les profondeurs de l’amour du Père, il faut qu’un chemin se creuse, de station en station. Le déplacement physique invite à un déplacement intérieur. Il s’agit de se laisser façonner par la marche, de suivre le Christ pas à pas, de nous laisser conduire sur le chemin qu’il emprunte, et non de le précéder. Il s’agit d’entrer plus profondément dans notre condition de disciple.
La méditation
Le pas à pas s’accompagne du mouvement progressif de la méditation qui nous invite à faire mémoire du chemin accompli par Jésus lui-même.
L’Evangile est le fondement de cette méditation qui appelle le pèlerin à une découverte progressive de la miséricorde du Père, en même temps qu’il est invité, en contemplant Jésus anéanti sous les coups de la Passion, à reconnaître en lui le Christ, Serviteur de l’amour du Père pour notre humanité.
L’intercession
Tout pèlerinage s’accompagne de prière. Dans le cadre du Chemin de Croix, la prière prend en charge toutes les situations de souffrance, d’épreuves, de détresse, de mort que nous rencontrons autour de nous dans la vie quotidienne ; toutes les vies des hommes de ce monde que le Christ, dans son mystère pascal, a offertes au Père. La pratique du Chemin de Croix peut se faire de manière solennelle, communautaire et processionnelle ou de manière privée. C’est le Chemin de l’espérance et de l’avenir. Celui qui le parcourt avec générosité et avec foi, donne espérance et avenir à l’humanité et sème l’espoir.