« C’est avant tout quand elle est vécue que la foi devient crédible et se communique. »
C’est en Suisse que naît, le 12 mai 1915, Roger Schutz. Son père est pasteur mais dira-t-il, c’est de sa grand-mère qu’il tient sa foi.
En 1939, alors qu’il poursuit ses études à Lausanne, à la Faculté de théologie des Églises libres du canton de Vaud, il regroupe quelques amis, animés par une prière commune, et organise des colloques et des retraites spirituelles. Ce mouvement prend le nom de Grande Communauté.
Afin de développer et d’approfondir son action, Schutz, attiré par l’œcuménisme, décide de venir vivre en France où réside une partie de sa famille et se met en quête d’une maison. « De Genève, je suis parti à bicyclette pour la France, cherchant une maison où prier, où accueillir et où il y aurait un jour cette vie de communauté. ».
Il en acquiert une, en 1940, dans le village de Taizé (Saône-et-Loire) au nord de Cluny, près de la ligne de démarcation, dont les habitants l’ont accueilli avec beaucoup de convivialité.
Avec sa sœur Geneviève, il y accueille pendant deux ans des dizaines de Juifs qui fuient les persécutions nazies. Alors qu’il accompagne un réfugié jusqu’à la frontière suisse, à l’automne 1942, recherché par la Gestapo, il ne peut rentrer en France.
En 1943, il soutient sa thèse de théologie, L’Idéal monacal jusqu’à saint Benoît et sa conformité avec l’Évangile, et est consacré pasteur l’année suivante dans l’Église réformée du canton de Neuchâtel.
Il rencontre à Genève, trois étudiants, Max Thurian, Pierre de Souvairan et Daniel de Montmollin, qui se joignent à lui pour organiser ensemble une communauté. Ils s’établissent dans un appartement et reçoivent des intellectuels, des ouvriers, des amis de la Grande Communauté.
Il retourne à Taizé en 1944 avec ces trois frères et y aide cette fois-ci des prisonniers allemands et des enfants orphelins. Il développe des relations œcuméniques avec des prêtres et des fidèles catholiques de la région. De nouveaux membres demandent leur admission, la communauté monastique oecuménique de Taizé est fondée.
Le nombre des frères dans la communauté, augmente rapidement. Ils sont 4 au départ, 12 en 1950, 65 en 1965 dont 12 pasteurs, 90 dans les années 90, 120 en 2004…
Depuis la fin des années 1960, la communauté connaît un grand succès auprès de nombreux jeunes accueillis quelques jours pour prier et méditer. Elle devient un centre international de prière et d’échange pour de jeunes chrétiens venus des différentes parties du monde. Les jeunes sont d’horizons très divers et des liens étroits se créent également avec les orthodoxes.
Fort du grand succès des Rencontres de Taizé, du début du printemps à la fin de l’automne, qui peuvent rassembler parfois cinq mille jeunes de soixante-quinze pays différents pendant une semaine, Frère Roger a donné à Jean-Paul II, l’idée des Journées Mondiales de la Jeunesse qui sont désormais un rendez-vous eucharistique régulier et incontournable de la jeunesse mondiale.
Et toujours préoccupé par l’unité des chrétiens, frère Roger créée également le pèlerinage de confiance qui se déroule dans des grandes villes du monde. Par toutes ces rencontres il aide de nombreux jeunes à découvrir le sens de leur vie.
Il meurt à 90 ans le 16 août 2005, tué au cours d’une veillée de prières, par une jeune femme atteinte de troubles psychiatriques.
Une des prières de Frère Roger « Toi, le Christ, Tu fais de nous le Rayonnement de Ta Présence parmi les humains » :
« Toi, le Christ, Tu offres un trésor d’Évangile, Tu déposes en nous un Don unique, celui d’être porteurs de Ta vie. Mais, pour qu’il soit évident que le Rayonnement vient de Toi et non pas de nous, Tu as déposé ce Don irremplaçable dans des vases d’argile, dans des cœurs de pauvres, Tu viens prendre place dans la fragilité de nos êtres, là et non pas ailleurs.
Alors, sans que nous sachions comment, Tu fais de nous, si démunis et vulnérables, le Rayonnement de Ta Présence parmi les humains. Amen. »