« Les personnes souffrant d’une déficience intellectuelle nous montrent le chemin de l’unité qui est accueil, réconciliation et pardon. »
De nationalité canadienne, Jean Vanier naît le 10 septembre 1928 à Genève, quatrième enfant de la famille. Son père, Georges Vanier, Gouverneur général du Canada de 1959 à 1967 entraîne sa famille au gré de ses fonctions de diplomate, en France et en Angleterre où Jean passe son enfance.
En 1942, à 13 ans, il entre au collège de la Royal Navy à Dartmouth et s’embarque dans la marine anglaise, puis canadienne, en pleine seconde guerre mondiale. Cette expérience le façonne pour toute la vie. Cependant, il ressent un appel à une autre voie et commence une quête spirituelle. En 1950, il démissionne de la marine canadienne où une carrière prometteuse l’attend pourtant. Il passe les années suivantes à rechercher un sens et un approfondissement de sa foi et réfléchit à la façon dont il pourrait vivre l’Évangile plus pleinement au quotidien.
Il rejoint alors L’Eau Vive, un centre de formation théologique et spirituel pour laïcs. Ce centre est dirigé par un père dominicain, le Père Thomas. Jean Vanier commence sa thèse de doctorat sur l’éthique d’Aristote qu’il soutiendra en 1962.
À la fin de l’année 1963, il aide le Père Thomas qui vient d’être nommé aumônier du Val Fleuri à Trosly-Breuil, petit village au bord de la forêt de Compiègne dans l’Oise. Cette institution accueille une trentaine d’hommes ayant une déficience intellectuelle. Jean Vanier commence alors à s’intéresser à la situation de ces personnes.
C’est ainsi qu’il visite l’asile psychiatrique de Saint-Jean-les-Deux-Jumeaux en banlieue parisienne où les conditions de vie sont très difficiles. Il y fait la connaissance de Raphaël Simi et de Philippe Seux et est profondément touché par leur détresse. Il décide d’acheter une petite maison dans le voisinage pour les y accueillir et vivre avec eux.
Pour Jean Vanier, ce ne sont pas « des handicapés mentaux » qu’il accueille, ce sont Raphaël et Philippe ; ce n’est pas une institution qu’il crée, mais un foyer.
Cette démarche d’engagement personnel se révèle extraordinairement féconde.
C’’est le début d’une vie nouvelle, différente de tout ce qu’ils connaissaient jusque-là. C’est aussi, après quelques mois d’ajustements et de tâtonnements, le début d’une aventure humaine hors du commun : « Ils voulaient un ami. Ils ne voulaient pas de mes connaissances, mes capacités de faire des choses, mais mon cœur et mon être » dira Jean Vanier.
Dès l’année suivante, l’Arche est créée, de nouveaux lieux de vie voient le jour et Jean Vanier fait appel aux bonnes volontés pour l’accompagner dans sa tâche. Des jeunes de France, du Canada, d’Angleterre et d’Allemagne se joignent à lui et font le choix de vivre avec des personnes intellectuellement déficientes.
Parallèlement à l’Arche, Jean Vanier fonde Foi et Lumière avec Marie-Hélène Matthieu, communautés de rencontres qui se tissent autour d’enfants ou d’adultes, ayant une déficience intellectuelle. Ces personnes, accompagnées de leur famille et amis, participent à des rencontres mensuelles durant lesquelles sont partagés des temps d’amitié, de prière et de fête.
Foi et Lumière compte près de 1500 communautés dans 81 pays des cinq continents.
Aujourd’hui, l’Arche est constituée de 154 communautés réparties sur les cinq continents, dont 35 en France, reconnues comme établissements médico-sociaux et compte 10 000 membres.
De nouveaux projets sont chaque jour à l’œuvre pour répondre à l’appel des personnes ayant une déficience intellectuelle, si vulnérables et encore trop souvent méprisées, alors qu’elles ont une grande leçon d’humanité et d’amitié à offrir.
Cinquante années de vie partagée avec ces personnes différentes ont donné à Jean Vanier une conscience intime de nos vulnérabilités et une profonde compréhension de notre humanité commune.
Il nous a quitté le 7 Mai 2019.
Jean Vanier affirmait souvent que « chaque personne humaine est précieuse quelles que soient sa culture, ses capacités et sa religion ».