Kelou mat n°3 mars 2020 Enregistrer au format PDF

Abolir les angles morts
Samedi 18 avril 2020

Nous voilà au seuil du Carême, un temps où nous sommes invités à mettre du neuf dans nos vies. Et, cette année, qu’y aura-t-il de nouveau dans notre quotidien ?

Yvon Garel

Nous voilà au seuil du Carême, un temps où nous sommes invités à mettre du neuf dans nos vies. Et, cette année, qu’y aura-t-il de nouveau dans notre quotidien ? Allons-nous nous contenter d’avancer au fil des jours, le regard droit devant nous, soucieux de mettre en œuvre les projets qui nous tiennent à cœur, projets familiaux, professionnels, etc. ? Ou allons-nous faire place à l’arrivée de l’imprévisible, de l’inattendu, de cet appel qui ouvre notre champ de vision et nous invite à annoncer autour de nous nos découvertes.

Eux aussi, au bord du lac de Galilée, Pierre, André, Jacques et Jean, étaient des pêcheurs comme leurs pères et les pères de leurs pères. D’ailleurs, quand on habite au bord d’un lac, c’est un projet bien raisonnable pour faire vivre la famille. Alors, ils regardent droits devant eux, ils jettent leurs filets dans la mer. Et les jours se suivent, les pêches sont plus ou moins fructueuses… jusqu’au jour où, depuis la berge, arrive l’inattendu.

« Venez à ma suite ». Cet appel les oblige à se retourner et leurs regards croisent le regard de Celui dont la vision n’emprunte pas la ligne de prévisibilité, celui qui invite à une révolution à 360 degrés. « Convertissez-vous car le Royaume de Dieu ». Oui, la conversion est un retournement complet mais pas pour tourner sur soi-même et revenir au point de départ. C’est un retournement qui nous oblige à nous déloger de nos prévisibilités, à nous approcher davantage du Royaume des cieux tout proche. Devant, derrière, à côté ? Notre regard doit se mettre en quête de tous les angles morts où le Royaume pourrait se dissimuler.

Et cette découverte allons-nous la taire ? L’écrivain Paul Claudel disait : « Ne parle du Christ que si on te le demande, mais vis de telle manière qu’on te le demande. » Une phrase qui nous invite à la cohérence entre notre vie et notre témoignage. Mais il ne faut pas qu’elle nous dispense de l’effort de l’annonce. Car « un chrétien qui évangélise, c’est un crucifié, mais un chrétien qui n’évangélise pas, qui ne parle pas de sa foi, il est déjà mort » (Timothy Radcliffe).

Le père René Luc utilise, pour illustrer cette nécessité, la parabole du boulet. Imaginez un homme éprouvant des difficultés à marcher : il a un boulet attaché à la jambe. Si nous ne témoignons pas de notre foi, nous sommes comme celui qui a la clé pour détacher le boulet et qui passe près de cet homme en sifflotant : « Moi, je te respecte, chacun sa vie… ». Choisissons plutôt d’être celui qui lui dit « Tu sais quoi, j’ai la clé ». L’homme au boulet peut refuser. Nous lui proposons la clé, nous ne l’imposons pas.

Seigneur, opère en nous la conversion qui ouvrira notre champ de vision. Qu’à ton appel, nous nous tournions pour te découvrir plus proche ressuscitant les angles morts où nous avions enterré l’Espérance.

Yvon Garel

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